Une rue comme toute les rues à Saint-Étienne. Toujours difficile de prendre les trucs "banal à pleurer", mais c'est ce que j'essaie de faire. Ici il me semble que j'avais une perspective pas mal, une touche de lumière / couleur au fond, que les bagnoles avaient une matière qui se complémentait bien avec la pierre des murs, que la lumière était nette sans être violente... et ça reste banal à pleurer, personne ne va me dire "oh comme c'est du banal à pleurer intéressant..." c'est ce que j'essaie de faire.
Des gens vont, viennent, entrent, ou discutent et s'assoient sur le pas de la porte. On aperçoit un intérieur qui ressemble à un bar. Qu'est-ce que c'est ? On me répond : une amicale d'Albanais.
Bouffée chaude en sortant. La lave gazeuse a envahi le ciel. Mes parties nues sont prises en premier. Plein de petits trous dans ma peau s'ouvrent et aèrent. Je sue. Si j'étais une menthe en pied je brillerais.
Les cimetières sont des seuls endroits où il m'arrive de faire du tourisme... Et encore je n'y jette aucun cornet de frites, ni ne m'y promène en maillot de bain, non plus ne gare ma voiture au milieu. Mais je fais des efforts, je m'améliore petit à petit, voyez : j'y fais déjà des photos.
Après une zone à fêtards, ses cafés, restos, parkings, une voie piétonne/cyclable, en circulation douce il faut séparer vélos et piétons, par une grande boucle la circulation douce parcourt la zone industrielle, des hotels à insectes et des niches minuscules pour oiseaux sont disposés là avec des panneaux explicatifs. C'est ça la nature, nous dit-on, regardez ! Arrivé à un échangeur on passe sous un autoroute et on prend un escalier pour retrouver une ancienne petite route, que l'autoroute n'a miraculeusement pas anihilée, les aménageurs ayant mis cet escalier pour y accéder comme pour s'excuser auprès des anciennes générations. Et on passe devant une amicale bouliste mais elle est fermée.
L'un des endroits les plus connus, les plus spéciaux, les plus emblématiques, les plus touristiques, les plus remarquables, de Saint-Étienne : la GARE CARNOT ! On demandera aux stéphanoises : quel est l'endroit qui ressemble le mieux à la pyramide de Kéops à Saint-Étienne... Bien des gens répondront : LA GARE CARNOT.
Pratique : le bus fait un détour pour éviter les matchs de foot... bon c'est comme ça, quand il y a un "événement sportif" - heuark - les bus doivent éviter le "événement sportif". Comprends pas. Mais je veux rouspéter quand même. On est les exclus. Et le détour c'est pas un pouillème, c'est THE détour : un boulevard périphérique, 10 ronds-points, 14 feux, 3 zones industrielles, 40 ralentisseurs... pourquoi sommes-nous punis ?
Une église s'allonge derrière. Devant un parking. Une barrière ferme l'entrée aux voitures, un portillon pour les piétons. Au sol des signes pour guider les voitures, et d'autres pour guider les piétons. Entre le parking et l'église un arbre. Je sais qu'il y a aussi une école et une bibliothèque entre le parking et l'église mais je ne les vois pas.
A passé ses vacances en dépression. Il est sur un banc public avec des potes qu'il connait pas mais on se tutoit. Voudrait un papier pour écrire. Il a des médocs pour la dépression mais il les prend que s'il a le gout. Son pote derrière a pas de papier non plus. Ses deux de l'autre coté non plus. Trouve un papier mouchoir usagé dans sa poche. Arrive pas à écrire dessus. Quelle rigolade.
Une abeille s'énerve pour une goutte de sirop sur une table de bar en terrasse. Elle tord son corps violemment, écarte ses pattes, tombe et se brise les ailes alors que ses minuscules jambes pédalent frénétiquement pour rétablir l'équilibre et que soudain comme une élastique elle éclate et se remet debout mais elle replonge et se recroqueville ? Comment interpreter cela ? Souffre-t-elle ? Cherche-t-elle quelque chose ? Est-ce un message ? À qui ? A-t-elle soif ? Est-elle contente ? Perplexité.
Reflets de feuillages dans une petite retenue d'eau du petit hameau de Bétonnasse, dans le petit bourg de Vertolaye, dans la minuscule région du Livradois.
Chemise à carreaux de lignes bleues et blanches. Chapeau d'été. Figure ovale, un teint foncé. Beaucoup de rides. Mais les yeux grands ouverts. La bouche aussi, moins. C'est plutot le menton qui tombe. Il jette un oeil vers moi au passage.
Ce n'est pas un énième visio ! C'est une émission de radio ! Et voici le studio !... Nous sommes à la campagne, au fin fond du Livradois, mais ce que nous faisons est tellement important qu'on a l'impression vraiment d'être en plein Paris à raconter l'actualité d'une conférence du G7, hein ?
Les gens ont un coté avachi. Peau détendu un peu luisante. Parlent d'un ton plus feutré que d'habitude, plus doucement, plus las. Ils regardent autour d'eux en finissant dans une forme contemplative, moins carnivore. Peut-être ils se transforment en herbivores.