À monter les 14 666 marches d'un de ces escaliers qui va en haut des collines de Saint-Étienne. Un copain qui habite à cet endroit. Je ne suis plus le même homme du bas en haut. Les jeux olympiques vaste foutaise. En bas, courbant la tête devant l'épreuve. En haut, ayant l'impression d'avoir passé un cap, accompli une épreuve initiatique, craché le souffle créateur des athmosphères. Et je me repose un peu, héo.
Je me prépare. Je passe par ma voix. Je doute, car une idée est que il faut y aller "spontanément". On dirait qu'il y a des gens qui y arrivent. Il faut se dire, non que le public est un obstacle, mais que il vous attire, qu'il vous espère, qu'il est "bienveillant" - seul usage de ce mot que j'admets juste, en ces temps qui courent. Et souvent j'y arrive, à voir ces gens que je ne connais de rien, comme généreux.
Toujours une étendue. Mieux de s'allonger physiquement. Un arrêt, quelque chose qui descend. C'est un moyen de se taire. Partir avec un repos. Ne penser à rien, plutot faire rien, plutot à une présence. Voir la personne comme personne et personne, absence et vie. Quand elle apparait s'embarquer dans la vie, sinon le silence est foutu. C'est alors un geste. Il y a un geste qui est silence. Et par le geste voir le corps, et enrichir son geste.
Un slogan, un cri, qui nous a beaucoup accompagné durant nos voyages à coté du monde de la vieillesse. Je ne sais plus d'où il vient exactement. Une formule curieuse, à la Gilets Jaunes, puisque dépasser des protocoles pour réinventer des règles, c'est un peu tourner en rond. Mais sans doute qu'il exprime bien l'idée d'une mise en cause des autorités, par l'usage d'un "nous" à l'impératif, avec l'idée d'aller plus loin. C'est peut-être ce "nous" hors champ qui forme appui dans cette interjection.
Je réfléchis beaucoup à ces micros vidéos de situation, que j'appelle "Petits paysages", faites avec mon smartphone à l'arrache, j'ai l'impression que c'est une première pierre pour documenter une géographie.
Je me demande s'il existe des claviers bluetooths pour utiliser avec mon smartphone. À petit ordi, petit clavier ; les claviers-écrans m'horripilent. Le vendeur me répond "oui, ça existe, mais on n'en a pas". Me voilà en limite de société de consommation. J'ai l'impression que la consommation c'est une Terre plate : au bord, il y a un gouffre. J'y suis arrivé, mon vertige est immense.
Je me suis assis à coté d'un nain difforme. Ça me fascine toujours. Un habitué du café arrive et lui dit bonjour de la façon la plus cordiale, et il lui répond de même. Je pourrai apprendre de l'humanité dans ce café.
Quand on fait du cinéma il faut aller au cinéma, même s'il se trouve au sommet d'un escalier de plusieurs milliers de marches. Suis arrivé en haut tout essouflé. Au début une marche ça se monte, à la fin une marche ça s'aspire.
À la recherche d'un arrêt de bus, c'est la première fois que je le prends là. Je suis sur une place, de nuit. J'ai du mal à distinguer les choses. C'est une place que je connais, carrefour automobile, et je n'y ai jamais vu d'arrêt de bus. Je repère la voie où doit passer le bus. Je regarde d'un coté et d'autre, mais je ne vois rien. J'aperçois un type assis sur un muret, je lui demande. Soulagement, il sait. Je vais là où il m'a indiqué, et le renseignement est bon.
Des vieux discutent du passé. À tel endroit, le maréchal Foch a été à l'école quand il était petit. Il y a une plaque à l'entrée du batiment pour commémorer l'événement. À tel autre endroit, Louis de Funès a fait la plonge dans un restaurant, mais malheureusement ça n'est pas signalé. On le sait, parce que le patron, qui à l'époque ne se doutait de rien, en a parlé plus tard à sa soeur, qui en a parlé à son oncle, qui en a parlé à son club de randonnée, et voilà comment on sait.
Discussion autour de l'improvisation dans la danse. Ça vient des pratiques contemporaines. Exemple : Michael Jackson, et une danseuse qui était à Nantes. Faire un mouvement, puis le refaire à l'envers, mais pas à l'envers normal, à l'envers comme si on était aspiré. Faire le mouvement premier comme en étant poussé, le mouvement retour comme en étant aspiré. Et l'improvisation liée à la mémoire, parce que c'est la mémoire issue du corps qui donne la magie.
C'est la veste qui va pas. Cette idée leur est venue, et aussitot elles étaient d'accord ensemble. Si je ferme complètement ma veste en remontant la fermeture éclair, cachant la chemise, alors c'est bien aussi. Si on voit la chemise alors c'est la veste qui va pas, si on voit la veste alors c'est la chemise qui va pas. Elles étaient toutes deux assises sur un banc, je ne les ai pas beaucoup dérangées, elles ont examiné mon cas personnel, se saisissant de la question "avec ou sans veste", alors que je les avais interrogées sur ma chemise.
