Papillon embarrassé

Une dame prostrée le front tombé sur une table. Un homme en sous-vêtements assis, accroupi, allongé, on ne sait pas. Quatre personnes assises qui se regardent des heures. Deux dames qui rangent des chiffons dans des armoires ou sur des chariots. Elles, ils, me regardent passer. Je reviens plusieurs fois.

40 000 € la table tactile, avec laquelle on peut faire des feux d'artifice juste en posant sa main sur l'écran ; on peut poser jusqu'à 20 mains, ce qui est largement suffisant. Et, sur ce modèle, il n'y a pas besoin de prendre un abonnement, ce qui justifie le prix. Malheureusement, à cause de l'absentéisme général du personnel, on a été obligé de déplacer les restants vers la maison mère, et du coup on a été obligé de fermer la structure.

Savez-vous pourquoi la moutarde de Dijon s'appelle la moutarde de Dijon ?... C'est parce qu'en vrai la moutarde de Dijon vient de Montcul, une ville qui existe, même si vous croyez pas. C'est pour ça qu'ils ont préféré l'appeler moutarde de Dijon. Savez-vous comment on peut faire aboyer un chat ?...

Elle nous parle assise près de la fenêtre. À coté de son lit, divers boutons de commande au mur. Mais celui d'appel ne fonctionne pas, comment faire ? Heureusement la salle de bain était accidentellement restée allumée, et la porte entrebaillée laissait passer un peu de lumière. Grâce à ce faible éclairage, elle a pu lire toute la nuit.

Je cherche d'autres conserves de légumes que les haricots verts, les haricots rouges, blancs, les haricots beurre, le maïs, les chataignes, les petits pois, les coeurs d'artichauts, les betteraves, les jeunes carottees, les lentilles, les salsifis, les pois chiches, les pousses de soja, les tomates, les choux de bruxelles et les épinards.

Encore une fois les Palestiniens manifestent, je les rejoins. Ceux, celles, de ma "métropole"... les Palestiniennes de Palestine, évidemment, n'étaient pas là. Nous sommes de moins en moins, pourtant comme les manifestations des premiers temps étaient impérieuses, fortes, volontaires et convainquantes, sans doute les problèmes sont-ils résolus. Leur truc est de suspendre des photos plastifiées à un fil tendu entre 2 poteaux. Et dieu sait s'il y a des poteaux dans les métropoles. Photos de dénonciation, de revendication. C'est une manif statique. Dans les quelques personnes présentes il y a beaucoup d'enfants. À la surprise générale il y a des anarchistes aussi. Mais les anarchistes sont encore moins nombreux. Au moins, que des gens sympathiques.

Mon pays c'est l'attente. Je suis à une conférence mais on attend. On est déjà pas mal en retard - mais dans le monde des gens qui savent on n'est jamais en retard. Le conférencier reste visiblement très occupé, sérieux, pianote avec concentration son ordinateur. Le public les yeux rivés sur le petit écran de chacun ou chacune. Des gens entrent en silence, d'autre sortent. Les plantes poussent, les rayons du Soleil passent.

Un fond jaune et de gros traits orange, mais le orange ne tranche pas assez à mon gout. Je le rehausse au bord avec un fin trait noir. Je prends un feutre, que je passe à la limite jaune orange. Mais le feutre a l'air fatigué et son trait s'assèche à mesure. Il faut que je m'arrête, fasse un ou deux trucs magiques genre le secouer un peu, puis que je le reprenne, et faisant bien attention de re-suivre l'ancien trait. Et comme ça le long des courbes des creux et des bosses de la rencontre du jaune et du orange.

D'énormes nuages noirs zébrés de descentes de pluie barrent le ciel à proximité de mon abribus... qui n'accordera pas beaucoup d'abri, j'ai peur. Déjà, un vent à décorner des hallebardes. J'habite à proximité, j'irai aussi vite à pied. Des gouttes percent le sol, disparaissent aussitot. La bourrasque assèche tout. Les zébrures se rapprochent. Nouvelle salve de pluie, volatilisation immédiate. Le noir du ciel est aux quatre coins cardinaux, seul un petit trou de lumière reste au dessus de ma tête. Des papiers et détritus s'envolent des poubelles. J'arrive bientot. Une ondée brutale douche ma cagoule, je passe. Une nouvelle rafale la percute et la renverse, je la remets, mais l'hallali est proche. Enfin ça y est : je suis arrivé.

Un gent vient de Paris - ou de Lyon, j'ai pas compris - nous interroger sur ce qu'on fait pour un article de journal ! On lui nous faisons des extraordinaires, des fantastiques et des géniaales, et il nous croit, c'est fou ! On lui dit jamais personne n'a fait pareil que nous, une telle démarche phénoménale et formidable, sauf peut-être en Italie - mais j'ai pas compris d'où sortait l'Italie.